GNU/Linux n’est toujours pas une vraie alternative grand public

GNU/Linux n’est toujours pas une vraie alternative grand public

J’ai récupéré un petit ThinkPad x220 comme portable de secours. C’est un portable assez ancien, mais qui dispose tout de même d’un i5 Quad Core 2,6Ghz, 4go de ram auquel j’ai rajouté un SSD.

Bien qu’il soit possible d’y installer macOS relativement facilement dessus, j’ai voulu en profiter pour tester et faire le tour des diverses distributions Linux actuelles.

Grand fan d’Archlinux pendant longtemps, j’ai depuis de longues années maintenant un Macbook et me suis un peu éloigné de l’univers Linux. Ce ThinkPad était l’occasion de renouer des liens avec ce système que j’affectionne beaucoup.

Quelle distribution installer?

La vaste question a été alors de quelle distribution j’allais installer. J’ai décidé de chercher parmi les distributions les plus populaires, et de les tester, avec quelques critères qui sont les suivants :

  • Efficacité d’installation
  • Simplicité de configuration
  • Rapidité d’utilisabilité
  • Bonne reconnaissance matérielle de base
  • Visuellement réussie et actuelle
  • Rolling Release si possible

J’ai essayé de chercher quelque chose de plutôt grand public réunissant tout ce qu’on demande d’un système d’exploitation en 2019, pour espérer proposer une réelle alternative aux systèmes que sont macOS et Windows.

Je me suis donc rendu sur Distrowatch, regardé les distributions les plus en vogue, et ai donc téléchargé les distributions suivantes :

Faisons un petit tour ensemble de ces distributions.

Disclaimer

Soyons clairs, je ne me pencherais pas sur les différences techniques de ces distributions, mais sur l’expérience utilisateur uniquement. Techniquement, GNU/Linux à énormément évolué ces dernières années, malheureusement, ces changements restent peu visibles pour les utilisateurs.

Comme m’ont fait remarqué sur Twitter plusieurs personnes, le débat pourrait être orienté autour des “DE” – Desktop environnement, que sont Gnome 3, Cinnamon, KDE… A juste titre.

Le fait est que beaucoup d’utilisateurs ne savent pas qu’il est possible de choisir la plupart des distributions présentées ici avec un environnement différent de celui proposé par défaut. Typiquement, il existe une version d’Ubuntu n’utilisant pas Unity, mais KDE par défaut.

Fedora, professionnelle

J’ai été agréablement séduit par Fedora, bien que l’installation soit légèrement plus complexe qu’une classique Ubuntu. L’outil de gestion des partitions n’est pas très intuitif, et on passe un peu de temps à se faire peur et à se demander si on vient pas d’effacer complètement le petit Windows qui traine sur une autre partition.

Une fois installée on est accueilli par un écran de configuration simple et rapide qui se chargera de configurer vos mails, agendas etc.. L’interface Gnome 3 est sobre, l’ensemble est plutôt cohérent et visuellement agréable. On sent une distribution mature qui saura séduire autant les utilisateurs lambda que les plus éclairés. L’ensemble logiciel de base permet de travailler directement sans investir beaucoup d’énergie à la configuration.

J’ai beaucoup apprécié le fait que Fedora mise beaucoup sur l’aspect libre  et qu’il faille un peu d’huile de coude pour installer des paquets non libres. Rien de fou, mais il m’a fallu quelques minutes pour trouver comment faire et installer les codecs vidéos nécessaires à la lecture d’un petit MKV de film de vacance. Pas sûr qu’un utilisateur lambda y arrive, le passage par le terminal est nécessaire.

Bref, Fedora semble être un système solide et bien fini, destinée aux utilisateurs un peu plus éclairés mais qui propose une alternative relativement complète et séduisante.

Ubuntu, grand public

J’entends déjà tout les barbus se lever et me dire qu’Ubuntu est devenue une distribution avec beaucoup de code propriétaire etc… Et je suis d’accord avec eux !

Mais Ubuntu est simple d’installation, propose des options compréhensibles, surtout au niveau de la gestion des partitions. J’apprécie le fait qu’il propose aussi l’installation de paquets propriétaires comme une option, c’est simple, didactique et efficace.

L’interface Unity est une question de goût, certains aiment, d’autres détestent mais elle s’avère très efficace sur de petits écrans, la fusion de la barre de titre avec la barre de menu fait gagner de la place, idem pour le placement du dock sur la gauche.

Tout fonctionne directement après l’installation et il n’y a pas besoin de beaucoup de configuration pour avoir un système complet et opérationnel. L’offre logicielle est très complète.

L’utilisation d’Ubuntu est assez didactique, on trouve les options qu’on demande à un système moderne rapidement, c’est simple à configurer et pas prise de tête.

Ubuntu est un système bien fini, l’environnement graphique est agréable et chaleureux, l’ensemble est cohérent et agréable à utiliser.

Linux Mint, la remaniée

Linux Mint existe en 2 versions, une basée sur Ubuntu et l’une sur Debian. Il semblerait que celle qui évolue le mieux est celle basée sur Ubuntu. La version debian semble être un peu à l’abandon. Visuellement correcte bien qu’un peu désuette, c’est une Ubuntu repackagée pour ceux qui n’aiment pas Unity, et tire donc ses forces et faiblesses de ce système.

L’environnement par défaut proposé est Cinnamon, dont le thème est un peu daté. Le système par ailleurs est très proche d’un  Ubuntu dont il est issu.

Debian, la base stable

Debian semble évoluer tellement lentement que j’ai eu l’impression qu’il n’avait presque pas bougé depuis 5 ans.

Ok, la communauté Debian vise avant tout une stabilité à toute épreuve, et ce n’est pas vraiment une distribution orientée grand public, mais elle reste par sa stabilité un choix à envisager pour les utilisateurs les plus avertis.

Ce qui m’a un peu refroidi, c’est l’aspect visuel de l’ensemble, c’est brut, fonctionnel, peu d’attention y à été mis. On a un joli fond d’écran, le reste, ce sont des paquets de base, sans aucun ajout. La distribution intègre le strict minimum et il faudra passer un grand temps à chercher tout ses logiciels et paquets nécessaires pour se créer son environnement.

Certains dirons que c’est une force et c’est indéniable, mais cela risque de calmer un grand nombre de personnes, qui n’ont pas envie de passer des heures à installer tout les paquets nécessaires pour avoir le minimum syndical habituel pour pouvoir commencer à travailler un peu.

Antergos, installer Archlinux simplement

Dérivée d’Archlinux, Antergos tire sa force de son installation graphique et du fait qu’il installe et configure Archlinux automatiquement et simplement. Ce qui définitivement pas le cas d’Archlinux.

On peut choisir entre divers environnements de bureaux à l’installation, et les options sont efficaces. Ce qui reste dommage sur Antergos, c’est l’aspect très “amateur” qui ressort de cette distribution visuellement. On sent qu’ils ont essayé de faire quelque chose, mais l’ensemble manque de cohérence et de finition.

Le public visé est certainement les personnes qui n’ont pas envie de se taper l’installation longue et relativement complexe d’Archlinux. De ce côté là, cette distribution remporte la mise. Pour le reste, c’est plutôt moyen.

 C’est pas terrible tout ça…

A ma grande surprise, rien n’a vraiment évolué en 5-6 ans au niveau de l’expérience utilisateur, et ça m’attriste un peu. Si un grand progrès à été réalisé sur la partie installation de la plupart des distributions, avec une méthode d’installation très proche pour chacune d’entre elles, il n’en est pas de même pour l’expérience utilisateur en elle même.

Certaines distributions sont visuellement plutôt réussies, mais d’autres accusent le coup, c’est fonctionnel certes mais bien souvent cela s’arrête là. L’offre logicielle “out of the box” est bien souvent complète, c’est appréciable et bienvenu.

Mais malheureusement, rien qui ne puisse vraiment attirer l’oeil d’une personne habituée aux systèmes que sont macOS ou Windows en 2019 en dehors d’une Fedora ou Ubuntu.

Le but n’est pas le même c’est certain, mais je me verrais mal proposer sérieusement une distribution Linux pour remplacer un Windows ou un macOS à quelqu’un. Ubuntu reste le choix de beaucoup et c’est parfaitement compréhensible, c’est celle qui se rapproche le plus d’une vision grand public.

Certaines distributions comme Elementary réussissent le coup de proposer une interface plutôt réussie, mais on y voit une grande inspiration de l’interface macOS et c’est dommage. Je pense qu’il est temps que plus de designers s’occupent du cas des apps libres, pour proposer une réelle alternative sérieuse et pour faire évoluer ce système.

Du coup, personnellement, je me suis orienté sur Fedora, qui réunit à mon sens beaucoup de qualités 😉